Timbuktu ...
Timbuktu est aux mains des djihadistes qui y font régner leurs lois. Dans ce lieu où l'islam se pratique depuis des centaines d'années en parfaite harmonie avec les coutumes locales, un ordre différent est imposé par des hommes venus d'ailleurs.
La musique est interdite, la pratique du football proscrite, les femmes doivent être entièrement couvertes et la charia s'applique.
Abderrahmane Sissako ne tombe pas dans le piège de se focaliser sur la barbarie des djihadistes. Il y a certes quelques scènes où s'exprime une violence extrême, insupportable, mais ces scènes sont toujours centrées sur les victimes comme pour laisser au spectateur penser qu'une forme de malaise est aussi présente dans le for intérieur des bourreaux.
Tout au long du film, une vraie humanité est présente dans le regard des djihadistes. Ils ne sont pas fermés à écouter les critiques notamment des anciens mais ils ne les entendent pas. Ils écoutent le discours de Kidane, l'appel d'un homme à la sensibilité à l'amour parternel, mais ne l'entendent pas.
Ils appliquent des lois qu'ils pensent héritées du Coran et des paroles du prophète. Cette croyance est plus forte que tout.
Leurs actes résultent d'une application "mécanique" de ces lois. Ils répondent aux mêmes mécanismes, à la même négation de l'humain que celle de l'organisation de la solution finale et de l'administration des camps d'extermination nazis.
Si cela ne s'exprime pas, on sent malgré tout dans les regards des djihadistes que certains doutent parfois, que leur humanité est à la fois si loin et si proche.
Timbuktu nous montre la fragilité de l'humanité qui réside en chacun de nous.
Il est un appel à faire vivre cette humanité et celle de ceux qui nous entourent.
Le film est à mon sens un véritable chef d'oeuvre.